« Paparazzi ? »

J'ouvris les yeux, le plafond blanc et monotone apparut devant mes yeux encore endormis de cette longue nuit de sommeil. J'avais bien dormis pour une fois. Aucuns cauchemars n'avaient fait leur apparitions. J'avais donc pu dormir aussi longtemps qu'il le fallait pour me remettre d'aplomb. Je me demandais quelle heure il était car il faisait encore noir dehors. Mon réveil indiquait sept heure. Si je ne me dépêchais pas, je serai en retard pour mon premier cours : Histoire. Une matière que je n'appréciais pas vraiment, en fait, je n'en apprécie aucune. Sauf, bien sûr, la photographie, plus qu'une matière préférée, une passion. Je ne me séparais jamais de mon appareil photo. Jamais. Tout comme mon portable, mon iPod, mon ... en fait, je ne me sépare jamais de tout un tas de trucs.

Toujours couchée dans mon lit, j'allumais les baffles de mon iPod. C'était Battlefield de Jordan Sparks qui passait, elle résumait assez bien le moment présent avec le Love Program et ... tout le reste. En augmentant le volume, je levais pour me diriger vers ma toute petite salle de bain et allumer l'eau de la douche. Je m'observais dans le miroir, j'avais vraiment une sale mine. Je me déshabillais et me mis sous l'eau chaude, ça faisait du bien, ça me détendait.
En sortant de la douche, je m'enroulais dans une serviette. C'était Therapy d'All Time Low qui passait, ça me faisait penser à moi pendant ces longs mois où j'étais seule et folle. Ces longs mois où j'avais essayé de consulter un psychologue, ce qui n'avait fait qu'aggraver les choses. Me souvenir de tous ça me fis mal au ventre. C'est une période qui je préférerais rayer de ma vie, ça me rappelais beaucoup trop de choses ... horribles.

Plantée devant le miroir de ma chambre, j'en oubliais complétement de m'habiller, j'étais déjà en retard de toute façon, je n'avais plus de raison de me presser, autant prendre son temps. J'ouvris la porte de ma garde-robe pour en sortir une tenue simple ; un slim bleu foncé, des Keds grises et un t-shirt Abercrombie&Fitch bleu marine. Rien de bien surprenant, c'était une tenue plutôt simple, mais sur moi, ça le faisait carrément trop. Oui, on ne peut pas dire que la modestie fasse partie de mes qualités. Non, je rigole, je ne suis pas le genre de filles superficielles et over-maquillées qu'on trouve un peu partout. Je suis simple sans pour autant tomber dans le banal. J'aime me faire remarquer.
Perdue dans la contemplation de ma tenue, mon portable me ramena sur Terre. C'était Keane, mon « petit-ami » du Love Program, qui m'avait envoyé un SMS pour me demander où j'étais. Il est trop adorable, vous ne trouvez pas ?

Bon, il fallait vraiment que j'aille à l'université, j'étais vraiment en retard, là. Je pris mon sac en vérifiant que j'avais tout mes livres de cours, mon appareil photo, mon iPod, mon portable et mes clés. Tout était OK, je pouvais me diriger vers l'Enfer où on essayerait de m'apprendre des choses inutiles et sans importance. Voilà ma définition de l'université. Une définition un rien exagérée, mais l'exagération, c'est bien.
Je sortis de mon petit appartement miteux en fermant bien la porte derrière moi. Je descendais les marches de l'escalier quatre à quatre en essayant de ne pas me casser la figure et de tomber en faisant une cascade de ouf parce qu'avouons-le, j'étais super maladroite.

Une fois sortie de l'immeuble, je marchais vers l'université, elle n'était pas très loin de chez moi, c'est une des raisons pour laquelle j'ai loué cet appartement pourri. La deuxième, c'est que je suis étudiante sans job, je pouvais pas m'offrir plus que ça. Enfin, si, je peux, mais il faudrait que je demande de l'argent à mon père qui travaillait tout le temps et ça, je n'en avais pas vraiment envie. Il était tellement dans son univers à lui que je me demande si il sait qu'il a une fille de dix-neuf ans qui a perdu son fiancé. Enfin, je m'égare, voilà pourquoi j'ai loué un appartement pourri. En fait, il n'est pas si pourri que ça, il est bien cet appartement !
Presque arrivée à l'université, je vis quelqu'un qui me faisait de grands signes, c'était Keane, il m'attendait. Je l'appréciais beaucoup, il était super gentil et on s'entendait super bien. En arrivant devant lui, il me tendit un café encore chaud. Je le remerciais d'un petit sourire et m'empressais d'en boire une gorgée. On commença à parler de tout et de rien et il me demanda de déjeuner avec lui à midi, ce que je refusais gentiment, j'avais déjà quelque chose de prévu avec Elizabeth.

J'allais lui proposer de se voir samedi après-midi, mais une fille attira mon regard. Une fille brune dans la cour de l'université. Plutôt mignonne, elle devait avoir mon âge environ, son style était ... ! Elle portait une tenue simple, mais qui ne passait pas inaperçu sans tomber dans l'extravagant et le mauvais goût. C'est le genre de fille que vous croisez dans la rue et vous ne pouvez pas vous empêchez de vous retourner quand vous la voyez. Je n'étais pas lesbienne loin de là, mais j'étais une « photographe » et repérer les « modèles », c'était un don, enfin ... presque.

Je ne pus me retenir de sortir mon appareil de mon sac et de la prendre en photo. Bien qu'on soit dans la même université, je ne l'avais jamais vue auparavant. Keane me regardait avec des yeux ronds en me demandant ce que je faisais. Je ne lui répondis pas, trop concentrée dans mon « travail ». Il devait me prendre pour une folle qui prend n'importe qui en photo. Ou bien pour une tueuse en série qui cherche sa nouvelle proie ... Bref, après ça, il n'aurait certainement plus jamais envie de me revoir et ça se comprendrait ...

La fille dans la cour de l'université n'était pas seule, elle était avec quelqu'un. Une fille ou un garçon, je n'arrivais pas vraiment à distinguer de là où je me trouvais, mais en tout cas, la personne présente à côté de la fille que je photographiais me pointa du doigt. Je me sentis très mal tout à coup ... La fille brune que je photographiais se retourna vers moi. Je rangeais mon appareil en vitesse, je saisis la main de Keane, prête à m'enfuir, je me retournais pour partir le plus loin possible, lorsque qu'une voix féminine m'interpella.

« God, qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? » pensais-je.

Cette fille devait, tout comme Keane, me prendre pour une folle, elle allait mal le prendre et l'entièreté de l'établissement universitaire allait me prendre pour une folle dingue ...
Comme la vie est belle !

Jaimie&Macy
Paparazzi?;



Méchant. Comment disais-t-on méchant en espagnol? Il était cinq heure du matin et je m'étais réveillé avec la question gravé dans la tête. Je me demandais comment je pouvais oublier quelque chose d'aussi futile et facile. J'attrappa mon petit dictionnaire de poche anglais-espagnol. Malvado; Je le savais. Je reposa le petit livre sur la table de nuit et me retourna. Je n'avais plus envie de dormir. J'enfouis ma tête entre mes deux mains et me leva, exténuée. Rare était les jours où j'avais autant de temps pour me préparer. J'entra dans la salle de bain et fis couler de l'eau chaude dans la baignoire. Le contact du liquide bouillant me fis frissonner. Je sortis quelques minutes plus tard et m'enveloppa dans une serviette jaune pâle. J'essuya la buée présente sur le miroir rectangulaire clouée au sol et me dévisagea. Je n'était pas spécialement jolie ou belle mais j'étais différente et c'était le plus important. Je sécha mes cheveux en les frottant entre mes mains, regagna ma chambre et m'assis par terre devant mon armoire. Je sortis un top imprimé noir et blanc, un mini short imprimé coloré et des All Stars en cuir noir de Converse. Je m'habilla rapidement et fourra mon téléphone, un paquet de cigarette, mon ipod, mes dictionnaires de poche de traduction, des affaires de classes et quelques autres choses inutiles dans mon sac en cuir noir. Je mis un trait d'eye-liner et du mascara noir sur mes yeux et descendis les escaliers. J'entra dans la cuisine et mangea une pomme et une barre de chocolat. Je sortis de la maison, m'installa dans la voiture mis le contact et conduit jusqu'au Starbucks. Il était sept heures moins vingt et j'avais largement le temps de me payer un cappuccino et d'allumer une cigarette. Ce que je fis.

J'arrivai à l'université le verre de starbucks encore à la main. Je le jeta machinalement dans une poubelle et m'assis sur un banc. J'allais sortir mon téléphone quand une fille blonde que je ne connaissait pas s'assis devant moi. Je la dévisagea et froncer les sourcils, elle me voulait quoi, là? J'allais ouvrir la bouche quand elle se pencha vers moi. « J'viens genre te sauvée la vie, là. Il y a une fille pas net qui arrête pas de te prendre en photo, sa doit être genre une tueuse en série, une folle ou quelque chose comme sa. » Je comprenais rien, elle se foutais de ma gueule. « Quoi ? » Elle souffla ce qui provoquer en moi l'envie de la gifler. « Elle te prend en photo je te dis! » Elle souris et je la dévisagea de plus en plus elle devait être en première année et ses minuscules doigts allèrent vers ses cheveux. Je la questionna une seconde fois : « Qui? » Elle leva le doigt et je suivis sa direction. Là, une fille brune rangea un appareil photo dans son sac et se retourna prête à s'en aller. Son visage me disait quelque chose, une fille dépressive Jaimie ou Jaizzie enfin un truc comme sa. Je me leva rapidement et courus vers elle. « Hey! » Je ne savais pas si je devais lui hurlais dessus ou la remercier. Me prendre en photo, celle là ont me l'avais jamais fait. Pourquoi? Pourquoi me prendre en photo? Je désigna son appareil du doigt. « C'est moi sur tes photos? »

[Je corrige les fautes après x)]

J'avais bien dormi, je n'avais fait aucun cauchemar, il faisait beau, j'avais pris une bonne douche qui m'avait détendue, Keane m'avait attendue devant l'université avec un café de chez Starbucks, j'avais raté mon cours d'Histoire, cette journée avait vraiment super bien commencé, sauf qu'il n'y a que Jaimie Jazz Atwood pour pourrir cette journée en moins de deux heures. Ma vie était fichue, on allait me prendre pour une folle, ce qui est déjà le cas pour certaines personnes, on allait me regarder de travers, ce que certaines personnes font déjà. On allait me mettre dans un centre psychiatrique, ce qu'on a déjà essayé de faire. Attendez, en fait, je suis une vraie tarée ...

En voyant que la fille brune arrivait vers nous, Keane m'a laissée tomber, celle là, je ne l'oublierai pas, il me le payera. J'étais donc seule et de dos face à cette fille. J'étais paralysée. Je ne savais pas ce qu'elle allait me dire ou me faire. C'était peut être une grosse brute qui allait me frapper ? Ou encore une paumée qui essayerait de faire ami-ami avec moi ? Ou bien, une fille tout à fait normale qui essaie d'avoir une explication ?
Oui, je priais pour qu'elle soit une fille normale, même si Dieu et tout ça, je n'y croyais pas trop.

« Si Dieu existe, faite qu'elle ne me hurle pas dessus. » pensais-je avant de me retourner.

Je me retournais vers elle. Elle ne souriait pas, elle avait un visage neutre. Je commençais à la détailler du regard. Elle avait environ la même taille que moi. Et le même âge aussi, sûrement. Elle avait l'air américaine. Elle avait des yeux noisettes et sa peau était assez pâle. Elle avait un petit - mais vraiment petit ! - air de Coco Rocha. L'élégance et la féminité.

J'en oubliais complétement la situation délicate dans laquelle je m'étais embarquée. Je me demandais à présent si elle serait prête à poser pour moi. J'avais un devoir de photographie à faire. Le but étant de faire des photos qui exprimaient la solitude, la tristesse. Je me dis qu'elle serait le modèle parfait pour ça.
C'est sa voix qui me ramena sur Terre. Elle pointait du doigt le bout de mon appareil qui sortait négligemment de mon sac.

Si c'était elle sur mes photos ? Était-elle un peu bête ? Elle avait bien vu que c'était elle que je photographiais, en plus, ce n'était pas comme si je m'étais cachée derrière une colonne de pierre ou je ne sais quoi. La question était inutile. Ça m'énervait un peu. C'était débile, c'était elle qui devrait en avoir après moi, je la photographiais comme si elle était suspecte dans une affaire de meurtre.
J'avais envie de lui répondre que c'était la reine d'Angleterre que je photographiais, mais je me retins, j'étais déjà dans la merde, autant ne pas aggraver mon cas, déjà plus que délicat.

Je ne savais pas quoi répondre. Si je lui répondais que oui, c'était elle, on me prendrait vraiment, mais vraiment pour une folle. Ma réputation, qui n'existe déjà presque pas serait anéantie. Si je lui répondais que non, je passerai pour une folle menteuse qui prend n'importe qui en photo. Là aussi, ma réputation en prendrait un coup. Dans les deux cas, je serai prise pour une folle. Était-ce ma faute si la photographie, c'était toute ma vie ?!

Il fallait que je lui réponde quelque chose et vite, histoire de ne pas passer en plus pour retardée mentale. Ce n'était vraiment pas mon jour, aujourd'hui ...

« Hum. Je ... Bah. C'est que ... » bafouillais-je.

Bravo, Jaimie. Pour ne pas passer pour une attardée, c'était gagné. Je ne savais vraiment pas quoi répondre, j'étais coincée. J'aurai vraiment voulu que Nicholas soit là, près de moi. Il aurait trouver une solution pour me sortir de là. Oh! Non, je repensais à lui et ma lèvre inférieure commençait à trembler. Je ne devais pas pleurer, pas maintenant. Je repensais à ce début de journée magnifique, ça me calma directement.

M'enfuir, voilà ce que je voulais faire. Partir le plus loin possible de la ville, changer d'identité. Me teindre les cheveux ou mettre une perruque. Oh! Oui, être rousse, ça serait bien. Je vivrais incognito à NYC, pourquoi pas ? Il y a tellement de monde que personne ne fera attention à moi. Je m'emballais pour rien. Mon père ne me laisserait certainement pas quitter la ville sur un simple coup de tête. Pff. C'était beau de rêver.
Je m'éclaircis la voix d'un raclement de gorge.

« Oui. C'était toi que je photographiais. Enfin, c'est logique vu que mon objectif était tourné vers toi et que la fille blonde là-bas qui me regarde de travers en ce moment, t'as montré que c'était moi. Donc, oui, c'était moi qui je photographiais. Tu dois trouver ça idiot, très bizarre et étrange et je m'en excuse. Tu dois me prendre pour une folle, un peu comme tout le monde ... Alors ... heu, voilà, je vais ... m'en aller. » lui dis-je d'un trait.

J'avais dit tout ça assez vite. C'était comme ça quand j'étais sous « pression ». J'étais tout de même soulagée. Ça n'était pas vraiment mon genre d'être si stressée, mais avec tout ce qui s'est passé durant les deux dernières années : la demande de Nick, puis sa mort, le Love Program, Elizabeth, ma meilleure amie qui m'en veut, la rencontre de Keane. Avec tout ça mon caractère était assez variable ...

En ce moment, j'espérais juste qu'elle me laisse partir tranquillement. Je me retournais pour partir quand elle me retient. Quoi encore ? Elle voulait encore plus me descendre, m'humilier ?

Jaimie&Macy
Paparazzi?;



« Hum. Je ... Bah. C'est que ... » J'avais oubliée de préciser une réponse clair et expressif? Apparemment oui. Mes pensée était partagée, une folle, une tueuse en série, ou un agent du FBI? Je délirais complétement sûrement à cause du manque du nicotine. Je la fixais attendent une vrai réponse. J'avais l'habitude d'être plus brutale, violente voir méchante. J'étais peut être trop fatiguée pour crier sur une fille qui n'arrivait apparemment pas à formuler une phrase. J'avais l'habitude de beaucoup observer les gens donc d'identifier rapidement un changement d'expression.

J'apprêtais à me retourner quand je baissa les yeux vers ses lèvres. Quoi? Elle allait pleurer? Cette fille n'allais pas bien? Sois elle avait un sérieux problème dans sa vie sois elle me prenait pour une cruche. « Oui. C'était toi que je photographiais. Enfin, c'est logique vu que mon objectif était tourné vers toi et que la fille blonde là-bas qui me regarde de travers en ce moment, t'as montré que c'était moi. Donc, oui, c'était moi qui je photographiais. Tu dois trouver ça idiot, très bizarre et étrange et je m'en excuse. Tu dois me prendre pour une folle, un peu comme tout le monde ... Alors ... heu, voilà, je vais ... m'en aller. » Déjà que la journée avait commencer très bizarrement par l'oublie d'un mot simple de la langue espagnole il fallait qu'une fille ultra dépressive et sensible vienne me prendre en photo et que je sois gentille. Moi? Vraiment? Les choses prenait une tournure disons... étrange. Elle se retourna pour partir.

« Je ne t'es pas vus me photographier. Sinon ma question serait totalement... inutile. » Je la retenais? Mais qu'es-ce qui me prenait? J'avais perdus les pédales. Je me retourna et c'était comme si j'avais eu un flash back. Je me souvins de la façon dont mon grand-père tenais son appareil photo c'était exactement de la même façon que la brune. C'était stupide mais elle l'avait serrait entre ses mains comme si... elle avait peur qu'on lui prenne. Elle était passionnée et sûrement douée. Certes mais pas moyen que je la retienne une fois de plus.

« Tu as l'air passionnée. J'veut dire... la façon dont tu tenais ton appareil. » Merde. Je devrais essayer de m'écouter et de me contrôler à l'avenir. Du yoga, c'était sa, non? Enfin un truc du genre. Je passais une main dans mes cheveux, gênée et énervée. Je ne souriais toujours pas. Mon expression était neutre, j'étais comme... différente. Mais c'était flagrant même si ce n'était qu'une manière de tenir un appareil photo. Je le savais, j'avais voulus faire photographe avant de découvrir les langues. « Écoute, je ne vais pas te hurler dessus. Enfin si je n'étais pas dans un état de gentillesse comme en se moment. C'est rare. Je veut dire si je suis sur tes photos, je peut voir le résultat? » C'est bon j'avais un sacré problème.

[COUUURT, qu'es-ce qui m'arrive ? ><]

Je crois qu'aujourd'hui, les Tout Puissant essaient de me faire comprendre quelque chose. Ils essayaient de me dire que je suis maudite. J'ai perdu ma mère à l'âge de cinq ans, j'ai perdu mon fiancé il y a un an et demi et là, j'ai de fortes envies de suicide. Je n'ai que dix-neuf ans !

Je me repassais rapidement les événements de ses deux dernières heures dans ma tête. Je pensais que je devais avoir l'air d'une pauvre nulle. Enfin, non, je ne pensais pas, je le savais. Ça ne me ressemblait pas, oui, j'ai été seule et fragile. Oui, j'ai été dépressive et lâche, mais pas à ce point-là. Je ne me reconnaissais tout simplement pas. Cette fille-là, celle juste derrière moi, ne m'intimidait pas, mais j'étais minable devant elle. Je ne savais même pas pourquoi et apparemment, elle me prenait vraiment pour une débile. Et pas qu'un peu.

Je m'auto-faisais pitié. C'est grave docteur ? Avoir pitié de quelqu'un, ça semble logique, mais avoir pitié de sa propre personne ... Qu'est-ce qu'il m'arrivait aujourd'hui ? Je me reconnaissais dans la chanson Teenage Dirtbag de Wheatus. Un vrai sac à merde que personne ne connait et dont tout le monde s'en fout. Disparaitre, j'en avais vraiment envie là. Les personnes dont à le plus besoin ne sont jamais là quand il le faut. God, je suis vraiment maudite. Je me mettais toujours dans des situations inimaginables et bloquais les choses lorsque je voulais les débloquer.

Alors que j'étais prête à partir et à aller me suicider dans les toilettes les plus proches, elle se justifia. Je m'arrêtai net et me retournai pour lui faire face. Elle avait plus ou moins répondu à la question que je m'étais posée mentalement quelques minutes plus tôt. Elle se justifiait sur sa question, c'était complétement inutile. Elle n'avait pas besoin de s'expliquer, c'était juste une question. Inutile, oui, mais une question tout de même. Je n'en avais pas besoin de ses explications. Je voulais partir. Loin, très loin.

Je ne savais pas quoi répondre à ça, il n'y avait rien à répondre en fait. Je ne compris pas vraiment pourquoi, mais elle me parlait, elle n'était pas agressive, juste ... curieuse, intéressée. Comme si elle n'avait jamais vu quelqu'un avec un appareil photo de pro. Elle me dit que j'avais l'air d'une passionnée et elle voyait ça à la façon dont je tenais mon appareil. Je n'en ai pas seulement l'air, je le suis.

Plus jeune, je regardais mon père faire. J'observais attentivement la façon dont il se tenait, dont il tenait son appareil et j'étais fascinée. Ça le passionnait autant que moi. Quand il m'a offert un appareil photo à mes cinq ans, quelques temps avant la mort de ma mère, j'étais folle de joie. En peu de temps, j'avais appris à m'en servir et je ne le quittais jamais. Je m'en étais ensuite séparée pour en acheter un autre encore plus performant. J'essayais toujours d'avoir un matériel de la meilleure qualité possible pour faire des photos magnifiques, c'était un des conseils de mon père.

La fille brune me demandait de voir les photos que j'avais faites d'elle. J'acceptais d'un hochement de la tête. Je sortis doucement mon appareil de son étui et l'allumai. Je me mis à côté d'elle afin de lui montrer.

« J'aime beaucoup celle là. » dis-je en pointant du doigt une photo que j'avais faite.

Ça me faisait un peu bizarre, je lui montrais mes photos sans même connaitre son prénom. Elle n'avait peut être pas besoin de savoir le mien, mais maintenant que je l'avais prise en photo, j'avais envie de savoir. Ne sait-on jamais, elle pourrait me servir dans un quelconque photoshoot.

« Et ton nom, c'est quoi ? »

C'était surement la rencontre la plus bizarre que j'aie faite. Je ne savais absolument rien de cette fille, même pas son nom et je la prenais en photo. Je ne savais pas pourquoi, mais j'étais presque sûre qu'elle serait capable de me répondre Bond. James Bond.